Se reconstruire après un burn out est compliqué. Surtout quand le milieu dans lequel nous exerçons est toxique ou qu’il nous empêche de nous épanouir au quotidien. Stress, sensation de mal-être, épuisement professionnel, Sara décide de recommencer de zéro. Pour sa fille et vivre son rêve en famille : celui d’une nouvelle vie au Canada.
Enchantée, je m’appelle Sara, je vais avoir 27 ans, je suis mariée et maman de Louise 4 ans et Liam 1 an. J’habite à St John au Canada (NB) où je suis éducatrice de la petite enfance. Avec mon mari, nous avons décidé de quitter la région lyonnaise pour nous expatrier.
Avant de devenir éducatrice de la petite enfance, j’étais fonctionnaire de police depuis 2013. Je n’étais pas sur le terrain donc j’avais des horaires de bureaux.
Mon quotidien se résumait au métro-boulot-dodo, je faisais des semaines à plus de 40 h. Le matin, je quittais la maison à 6 h 45 et je rentrais le soir à 19 h 30 / 20 h. Pour me rendre à l’hôtel de police à Lyon, je devais prendre les transports en commun, soit 1 h 30 de trajet le matin et 1 h 30 de trajet le soir. La voiture de fonction, je n’y avais pas le droit pour la simple raison que j’habitais au-delà des 30 km autour de Lyon. Déménager pour me rapprocher de mon lieu de travail ? Impossible, d’une part, parce que mon mari était un élu local, et d’autre part, il ne pouvait absolument pas quitter son travail d’animateur radio. Je n’avais donc pas le choix et devais rester tributaire des TCL et de la SNCF à mon plus grand désespoir.
Compliqué, je voyais des affaires en tout genre. Des rapports d’enquête avec le plus souvent des photos morbides, je devais traiter de grosses affaires de stupéfiants par exemple. J’ai travaillé aussi sur les attentats de novembre 2015... Quand on travaille à la PJ, on traite des grosses affaires : celles qui font les titres des journaux, celles qui nous donnent parfois la chair de poule à en faire des cauchemars la nuit.
Le déclic pour moi, a été le jour où j’ai appris que j’étais enceinte de ma fille, en 2016. Ce jour-là, je devais me réjouir de cette nouvelle merveilleuse, malheureusement mon travail m’a rappelé la triste réalité. À ce moment précis, je devais traiter un infanticide commis par un père sur un nouveau-né. C’en était trop pour moi.
J'allais être maman, et à côté de cette bulle remplie de douceur, j’étais confrontée à des horreurs inimaginables. Quand on fait ce métier, même si on apprend à se forger une grosse carapace pour se protéger, même si on organise des pots entre collègues pour décompresser, nous sommes des humains. De plus, s’il y avait une chose que je savais au fond de moi, une chose non négociable, c’était celle de vouloir être présente physiquement pour mon bébé. Alors, au tout début de ma grossesse, je me suis mise en arrêt pour me préserver, mais aussi préserver ma fille.
À la base, il faut savoir que j’avais choisi cette voie par vocation pour ses valeurs et pour combattre l’injustice. Or, l'arrivée d’une nouvelle cheffe de service a tout remis en question. L’organisation du service était chamboulé, il y avait aussi beaucoup d’injustices, de copinages... Bref, l’ambiance était vraiment devenue toxique et je ne me sentais plus à ma place.
Je suis retournée travailler quand ma fille avait 5 mois. Résultat, je la voyais à peine 30 min par jour. Dès que j’ai eu la possibilité, j’ai demandé à travailler à temps partiel, soit à 80 % exactement avec mon vendredi de libre. Cependant, l’ambiance au bureau était pire qu’avant, il y avait un environnement de travail stressant ! Nous travaillions dans une atmosphère exécrable au sein du service, conséquence : j’ai fait une fausse couche, et j’ai fini en burn out. Un épuisement professionnel dû à un surmenage physique et mental.
Cela a été très compliqué psychologiquement. Je me sentais très seule et en même temps soulagée d’être à la maison. C’est là que j’ai dit à mon mari que je souhaitais devenir éducatrice pour la petite enfance. J’y avais beaucoup réfléchi et j’y voyais plusieurs avantages à entamer cette reconversion :
Déjà à l’époque, bien avant le concours de police, j’avais voulu passer un CAP petite enfance. Mais mon mari m’en avait dissuadé, il m’avait dit : « tu es fonctionnaire, tu ne te rends pas compte de tous les avantages que tu as ? La sécurité de l’emploi, le salaire, etc. » L’autre raison, c’est qu’il ne voulait pas avoir d’autres enfants que les siens à la maison, ce que je peux comprendre.
Mais pour ma part, je ne voyais pas d’autres issues pour me reconstruire après cette dépression. Je me posais beaucoup de questions, j’étais perdue et j’essayais par tous les moyens de trouver des solutions. Puis, un jour de mars 2019, je me suis inscrite sur un coup de tête au PVT pour le Canada. On avait été en voyage en Amérique du Nord en 2015 et 2018, on avait adoré et on s’est toujours promis qu’on reviendrait. On s’imaginait en quelque sorte vivre là-bas dans 5 à 10 ans. Le Canada était pour moi un rêve de gosse. Ne me demandez pas pourquoi, mais j’avais toujours dit à ma mère que lorsque je serai plus grande, j’irai m’installer là-bas.
Un coup de folie, sans doute, mais deux ans plus tard, cette inscription nous a permis de nous installer au Canada et commencer une nouvelle vie :)
Le déménagement au Canada s’est fait sans embuches. Nous sommes partis à 4, car entre temps, j'ai accouché de mon deuxième enfant. Une fois sur place, Louise et Liam se sont très bien adaptés à leur nouveau pays d’adoption. Quant à moi, ayant toujours voulu travailler avec des enfants, j’ai donc commencé à envoyer mon CV auprès de garderies. Après une première expérience décevante, j’ai enfin réussie à décrocher le poste idéal, celui dont j’avais toujours rêvé.
Oui, n’ayant aucune expérience dans la petite enfance, j’ai dû suivre une formation de 6 mois. Il y aussi une autre formation sur deux ans qui me permettra par la suite d’obtenir le diplôme d’éducatrice. En parallèle, j’ai la possibilité de participer à d’autres formations facultatives qui se déroulent directement sur zoom, une fois par semaine.
Oui, je pense que ce surmenage m’a permis de faire le point sur ce que je ne voulais plus vivre au quotidien. Aujourd’hui, je suis en parfait accord avec ce que je voulais faire. Et puis, je n’aurai jamais pensé pratiquer ce métier dans un pays étranger… Parfois, je me demande ce que j’aurai fait si j’étais restée en France.
Il y a des points positifs et des points négatifs pour tous types d’expérience. Il y a bien sur des difficultés dans tous les métiers. En tant qu’éducatrice de la petite enfance au Canada, mon plus gros défi est de composer avec la mentalité locale et à l’éducation canadienne, qui sont complètement différentes de la France. Par exemple, ici l’enfant est roi. L’éducation positive est très présente et ultra importante. Une façon d’être et de faire qui m’oblige à sortir de ma zone de confort.
Je lui dirais que nous avons qu’une seule vie, par conséquent, il faut en profiter pour ne pas avoir de regret.
Pourquoi rester enfermé dans un schéma de vie qui ne nous convient plus ? À quoi ça servira ? À rien... En revanche, vous allez perdre du temps et vous ne serez pas heureux, ni épanoui. Il ne faut surtout faut pas avoir peur de se lancer, ni avoir peur du changement, car ça n’a jamais tué personne. Quand on veut on peut. Et si j’ai une lecture à conseiller, c’est de lire ce livre : Les 5 grands rêves de vie : les secrets d’une vie pleinement réussie, de John P Streleck
Cela m’a beaucoup aidée. J’espère que cela pourra aider une autre personne pour ne pas passer à côté de sa vie.
Merci Sara pour avoir partagé cette période de ta vie. Tu nous as prouvé qu’il est tout à fait possible de se reconstruire après un burn out, repartir de zéro dans un pays étranger et trouver son équilibre. Si toi aussi, tu aimerais te reconvertir professionnellement et faire un job qui s’adapte à ton idéal de vie, alors n’hésite pas à faire appel à nos coach et à participer à nos masterclass pour investir en ton projet. Croire en toi et vivre la vie dont tu as toujours rêvé !