Déborah, journaliste belge et maman d'un petit garçon, nous raconte comment elle a osé quitter son travail pour se lancer à son compte. Vivre de ses passions tout en s'expatriant avec ses deux hommes en Californie, et maintenant à l'Ile Maurice. Une histoire passionnante qui nous montre encore une fois qu'il est important de savoir saisir les opportunités, sortir de sa zone de confort pour oser vivre sa vie. Celle qui nous fait kiffer et nous donne le sourire aux lèvres chaque matin, au réveil. Celle qui nous rend heureux, tout simplement !
J’ai 37 ans, je suis Belge, journaliste, blogueuse, podcasteuse, mariée à Dan depuis bientôt 8 ans, maman d’un petit garçon de bientôt 7 ans. J’ai vécu trois ans en Californie, et là, nous sommes installés à l’île Maurice en famille.
J’étais journaliste pour un gros site d’info. Je couvrais toutes les infos pendant la nuit. J’étais du coup seule à être en ligne, et au taquet quand il y avait de grosses news. Comme le décès de Johnny Hallyday par exemple, qui avait été annoncé tard dans la nuit. Toute la rédaction dormait, sauf moi. Grâce au décalage horaire, j’ai pu annoncer l’info directement. Mais surtout, je couvrais le cinéma, avec des interviews de stars, des avant-premières de films. C’est ce que je fais depuis toujours.
A cause du covid. Tout a été très vite. On était attentifs à la situation en Europe. On avait suivi ce qui se passait en Italie et quand on en parlait aux Américains, ils prenaient ça de haut. Puis, il y a eu la France, la Belgique… Tout s’est emballé rapidement aux USA.
Donald Trump, président de l’époque, a annoncé que les frontières allaient être fermées et que les avions seraient cloués au sol, dans une allocution assez flippante. Un dimanche de mars 2022, j’ai reçu un mail de mon employeur qui annonçait un chômage économique pour certaines personnes dans l’entreprise. Impossible de savoir qui allait être touché. J’ai donc appelé ma rédaction pour savoir ce que j’étais censé faire et j’ai été livrée à moi-même. Tout le monde était perdu, face à une situation et décisions politiques inédites. J’ai appelé le ministère des affaires étrangères, le consulat de Los Angeles pour prendre la température et avoir leur avis sur ma situation.
Le mot d’ordre était clair: ils me conseillaient tous de rentrer au plus vite. J’étais salariée en Belgique: si j’étais mise au chômage économique, je n’aurais plus suffisamment de revenus pour payer mon loyer, je n’aurais pas bénéficié d’aides américaines puisque je n’étais pas résidente et je n’aurais pas eu pas la possibilité de quitter le pays puisque les avions allaient être cloués au sol. Les écoles étaient fermées, on a trouvé un billet dans la semaine. On a plié bagages en 4 jours, on a mis nos meubles dans un storage, les guitares de mon homme chez nos amis américains, tout ça en pleurant, sans savoir quand ni même si on allait pouvoir revenir.
Le départ était dur parce que brutal. Mais on était bien conscients que rien n’était vraiment grave tant qu’on était ensemble. On a eu une maison avec un grand jardin à prêter, il a fait beau, j’ai posé des congés, et j’ai fait le vide. J’ai profité de ces semaines hors du temps pour jouer avec mon fils. Je voulais le voir rire et s’amuser et en fait, c’était très doux, ce premier confinement.
Ce retour a été plus long que prévu (on est restés deux ans en Belgique) mais il a été salvateur. Mon mari en a profité pour lancer son entreprise, moi j’ai lancé la procédure de Green Card dans l’espoir un jour d’aller vivre et travailler aux USA (et de ne plus jamais me retrouver le cul entre deux chaises avec un visa temporaire en cas de souci). Ezra a pu aller à l’école de façon régulière alors qu’en Californie, les écoles ont été fermées plus d’un an. Il était dans un enseignement international donc bilingue: il a continué l’anglais et il a appris à lire et écrire en français.
J’ai continué à partager mes ressentis sur mon blog, mes bons plans en Belgique, j’ai sorti un livre en pleine pandémie (Journal de bord d’une maternité décomplexée). Il avait été écrit en Californie mais il est sorti en juillet 2020. Et j’ai lancé un podcast privé, que les gens peuvent venir enregistrer avec moi, et qu’ils offrent à leurs proches, comme un message d’amour qui traverse les âges. J’ai eu envie de récréer du lien et surtout de redonner du sens à mon boulot.
Lors de la pandémie, mon job de journaliste ne consistait plus qu’à mettre des infos tristes et dramatiques en ligne. Il n’y avait plus rien de doux dans l’actu. Plus d’interviews sympa, plus de sorties de films, plus de légèreté. L’info quotidienne n’avait plus qu’une seule vocation: faire peur aux gens et générer “du clic”. C’est la première fois de ma carrière où j’assumais à moitié ce que je devais écrire. Et puis, ça faisait quelques années que je travaillais sous les ordres de gens dont je ne partageais pas les valeurs. Une accumulation d’événements ont fait que j’ai fini par engager un avocat pour faire respecter mes droits et dénoncer l’existence d’un problème. J’ai fini par être licenciée. La fin de mon contrat de travail a été un vrai soulagement. Je récupérais du temps et de la liberté.
J’ai développé mon podcast privé A coeur ouvert. Je continue à écrire pour quelques magazines. Je travaille pour la chaîne télé LN24 où je couvre le cinéma. J’écris sur mon blog SeaYouSon. Et j’ai envie d’écrire un deuxième livre. Bref, je touche à tout et j’ai du temps pour mes hommes. La vie est belle.
Je me sens très bien. Mais je me sens toujours globalement bien. Je sais que rien n’est grave tant qu’on est tous en bonne santé et que même si on en chie un peu, ça finit par passer et ça nous apprend des trucs. Rien ne m’a jamais empêché de dormir. Rien. Même quand j’étais en plein combat, que l’ambiance était abominable sur mon lieu de travail, je dormais sur mes deux oreilles.
Mes hommes sont ma base, mes meilleurs conseillers et mes plus grands moteurs. Quand j’ai besoin de réponse, quand je fais du surplace dans ma tête, je lance un grand débat avec mon homme. On se prend la tête, ses réponses m’énervent parfois mais ses avis sont toujours de bons conseils et j’en ai besoin pour me recentrer.
On vit à l’île Maurice depuis 1 mois et demi déjà. On voulait se remettre en route. Parce que c’est facile de “s’endormir” un peu. On avait toujours envie de voyager, de voir d’autres choses, de vivre au soleil. On a choisi un pays mi-francophone mi-anglophone avec une température clémente tout au long de l’année. Ezra est dans une école géniale, un peu expérimentale. La vie est douce.
On a appris qu’on avait décroché notre green card en arrivant ici. Au bout de deux ans d’attente! A priori, on n’est pas prêts de rentrer en Belgique. :)
La question à 1000 dollars. C’est la première fois de ma vie où je ne me pose pas la question. Je ne me projette pas.
La pandémie et puis là, la situation entre l’Ukraine et la Russie, nous ont montré et nous montrent encore qu’il faut profiter de ce qu’on a aujourd’hui, qu’il faut s’amuser, lancer des projets sans savoir où ils nous mèneront, se laisser porter…
On n’est pas tout à fait maître ce qu’il se passe ensuite. Donc je n’en sais rien et ça me va très bien. C’est peut-être ça qui fait ma force (j’ai envie de dire notre force parce qu’on est tous les trois comme ça): je m’adapte à tout assez facilement.
Il faut agir et arrêter de subir. Il y a une croyance que j’ai eue aussi qui veut que: forcément, les gens qui quittent leur boulot ont de l’argent, donc c’est facile, ils peuvent rebondir, eux. Perso, je fais partie de la classe moyenne, je ne suis ni riche ni pauvre, je n’ai pas d’aide familiale. Si je suis dans le jus financièrement, je ne peux compter que sur moi-même. Donc forcément, j’ai beaucoup réfléchi, et j’ai préparé ma sortie en amont. Je savais qu’à un moment, on allait plus se comprendre. J’ai senti le truc. J’ai développé des passions, des projets, ça m’a permis de tenir quand je n’en pouvais plus au quotidien. Et ce sont ces projets qui m’ont permis de rebondir ensuite.
Il faut se faire accompagner et soutenir aussi par des gens dont c’est le métier. Moi, j’ai engagé un avocat spécialisé en droit du travail. La première rencontre, pour exposer le problème, est parfois gratuite. Ça change tout d’avoir quelqu’un qui vous soutient officiellement et qui sait ce qui est normal et acceptable ou pas. Ça m’a permis de me dire que je n’étais pas folle.
C’est fou qu’on ait tant peur du changement. Je ne crois d’ailleurs pas que c’est le changement en fait qui paralyse. C’est plutôt la peur de l’inconnu. On est prêt à changer, je crois: d’horaires, de façons de travailler, d’activité, mais on a peur de ce qu’il va y avoir derrière: d’avoir quitté la proie pour l’ombre, de ne pas gagner assez (parce que c’est vraiment le problème numéro un généralement, c’est une peur que tout le monde partage)... Comme on dit: on sait ce qu’on a mais pas ce qu’on aura. Concernant l’argent: je rappelle que ceux qui sont les plus mobiles en entreprises, sont ceux qui gagnent le plus. Parce qu’ils se challengent, ils apprennent, ils agrandissent leur réseau et donc ils sont plus susceptibles de retrouver du taf après sur base de recommandations…
Bref, il faut sortir de cette idée qu’on n’est pas capable. La vie c’est maintenant, si on s’emmerde dans son boulot ou si un supérieur hiérarchique nous fait vivre un enfer, on trouve une solution. Elle ne sera jamais idéale, mais l’idée, c’est quand même d’être heureux globalement.
Quitter son travail c’est aussi avoir des portes qu’on n’avait pas vues qui s’ouvrent soudainement, c’est changer de perspectives et d’envies. Bref, je pars dans tous les sens. :)
Un grand merci Déborah pour nous avoir partagé ton histoire ! Oser quitter son travail pour mieux rebondir, gagner en liberté, vivre sa vie et surtout ne jamais regretter. Si toi aussi, tu aimerais te lancer mais que tu as peur du changement, voici le coaching ikigai qui t'aidera à trouver ta mission de vie. Réserve ton appel découverte dès maintenant pour en savoir plus ou télécharge notre guide gratuit comment se réinventer, même quand tu es dans le flou… et passer à l’action !
Lire aussi :