Usée par une vie professionnelle riche en expériences multicolores, Laurence nous raconte pourquoi et comment elle a décidé de se reconvertir après 50 ans. Sauter d’un poste de cadre dans la finance en entreprise à un job radicalement différent et en free-lance, oui c’est possible ! Et même, Laurence nous explique pourquoi ce virage s’opère finalement dans la sérénité.
Bretonne de naissance, j’ai bientôt 54 ans et je vis dans le Morbihan après avoir souvent déménagé pour des raisons professionnelles. Un compagnon en retraite, un très grand jardin de pratiquement un hectare, la passion des voyages autour du monde, voilà un environnement personnel qui favorise la reconversion. J’ai donc décidé fin 2020 de me lancer en rédaction Web seo, avec le statut de free-lance, métier que je peux exercer de n’importe où avec une bonne connexion Internet.
À quinze ans, je regardais assidûment l’émission « l’enjeu » de François de Closets. J’y admirais Catherine Painvin, fondatrice de la marque « tartines et chocolat » et chef d’entreprise. L’orientation prise dans ma scolarité trouve sa source dans cette émission de télévision. Bonne élève, j’aurais pu retenir la voie scientifique, mais c’était la bosse des affaires qui m’attirait. Et pourtant, entrée en École Supérieure de Commerce après un cursus classique en classe préparatoire HEC, je n’ai finalement pas choisi le commerce et j’ai opté par sécurité pour la finance et la gestion.
La vie se déroule à une vitesse vertigineuse et j’enchaîne les postes, analyste crédit en banque, puis commissaire aux comptes. Ce parcours me conduit logiquement à décrocher à 30 ans mon diplôme d’expertise comptable, au cas où. À l’époque, une petite voix trottait déjà dans ma tête et me disait, passe ton diplôme il pourrait servir si à 50 ans tu as envie de te reconvertir. Je poursuis en entreprise à des postes de directeur du contrôle de gestion, directeur financier dans l’agroalimentaire, puis adjoint au DAF à Brest, dans un groupe métallurgique américain. J’ai alors 40 ans et je me remets à l’anglais sur le tard et c’est passionnant.
Ma première reconversion s’opère en 2011, à 44 ans, quand je postule au sein de ce même groupe et que je m’envole pour Buenos Aires. Je pars en expatriation, avec mon conjoint, pour vivre l’aventure professionnelle de ma vie. Me voilà directora d’une filiale argentine, en ayant appris l’espagnol en deux mois, projetée dans une culture sud-américaine dont j’ignore tout, et première expat de ma compagnie dans le pays. Le machisme, le mensonge et la fierté argentine font partie de mon quotidien, sans compter la corruption ouverte et une administration tentaculaire. L’économie locale périclite, les importations de la maison mère ne sont plus autorisées, le fisc local me harcèle. La décision de fermeture s’impose et je la préconise. Je gère au mieux les licenciements selon le droit argentin, entre autres, à 11 000 kilomètres du siège de mon groupe et dans une grande solitude morale.
Le retour en France en 2013 est douloureux. Le corps te fait comprendre tes limites et j’apprends que j’ai la maladie de l’hyperactivité, appelée maladie de Basedow. Les médecins sont formels, du calme, pas de stress et un travail moins engageant s’imposent. Je ne les écoute pas vraiment, j’enchaîne divers postes à responsabilités et je continue à me surinvestir.
J’ai adoré cette expérience de pilotage d’un centre de profit à Buenos Aires, même si je l’ai payé cher. Six ans plus tard, je décide enfin de sauter le pas. Il est grand temps de changer de carrière après 50 ans.
Le coronavirus nous a apporté les joies du télétravail. Je découvre le bonheur de pouvoir me concentrer sur mes tâches, de mieux gérer, filtrer, planifier, et ne plus commencer ma journée à 18 heures. Quel plaisir de pouvoir profiter aussi de son chez-soi !
L’année 2020 est aussi une année professionnelle difficile. Prendre un nouveau poste de RAF à l’automne 2019, n’est pas une sinécure. Mon équipe est incomplète, je peine à recruter, j’agis souvent trop seule, etc. Je négocie mon départ fin 2020 afin de mettre un coup d’arrêt à cette spirale infernale qui me tue à petit feu.
Quel métier choisir après cinquante ans ? L’immobilier me tente bien depuis des années. Mon compagnon me décourage, doutant de mes capacités commerciales. Nous réfléchissons ensemble fin novembre 2020. Quels domaines recrutent après 50 ans et t’autorisent à travailler de la maison, si possible sur internet ? Très vite, je découvre la rédaction Web, le seo, et je tombe littéralement dans la marmite. Je comprends que je coche toutes les cases. C’est décidé et le 8 décembre, je paye l’acompte pour ma formation.
Se reconvertir après 50 ans c’est bénéficier avant tout d’une maturité professionnelle. Pour affronter la variété des tâches qui t’attend en freelancing, cette importante expérience de cadre en entreprise comporte des avantages indéniables :
Le fait d’avoir cotisé longuement pour sa retraite constitue une sécurité à ne pas négliger étant donné que le montant de la pension sera calculé sur la base des 30 meilleures années professionnelles.
Enfin, négocier une rupture conventionnelle après 53 ans permet de bénéficier du chômage pendant deux ans et demi et donc de se lancer sereinement.
C’est un changement radical de vie. Du jour au lendemain, tu te retrouves seule, à la maison, devant ton ordinateur et tes écrans. Ce que tu as fui te manquerait presque. Plus de stress, finie la vie trépidante aux réunions interminables ! Ils ont disparu ces collaborateurs qui t’interpellaient toute la journée, en entre-baillant la porte « Laurence, j’ai une question ». Ton chef qui t’écrivait des mails à toute heure, s’est lui désintégré.
Savoir gérer ce virage est essentiel pour réussir sa reconversion en tant que senior. Sur le plan émotionnel, ne t’enferme pas dans la solitude d’un monde virtuel. Aller vers les autres est fondamental. Réseauter en local constitue une piste intéressante : associations d’entrepreneurs ou thématiques, chambres de commerce, etc. Si tu suis des formations à distance, ne néglige pas l’entraide entre les élèves. J’ai ainsi noué des contacts solides et de belles amitiés sont en train d’éclore.
Enchantée et très motivée ! De nouveaux horizons se sont ouverts. J’ai redécouvert le marketing des années 2020 et c’est passionnant d’apprendre encore à mon âge.
Je ne ressens aucune pression pour le démarrage de mon autoentreprise, même si la motivation entraîne la proactivité. On ne se refait pas ! Les pistes commerciales sont prometteuses, le développement du réseau sur LinkedIn y contribue totalement. J’ai entamé en janvier 2021 une stratégie d’inbound marketing et je commence à en voir les fruits. Je m’appuie aussi sur des spécialités rédactionnelles piochées dans mon parcours antérieur en entreprise ou dans mes loisirs. On y trouve parfois des niches techniques et de quoi positiver pour le futur.
Après 50 ans, la vie professionnelle est loin de se terminer. Rester figé dans une position qui ne te convient plus ou qui t’interroge chaque matin, c’est la mauvaise attitude. Elle te conduira implacablement vers la rancœur, le désabusement et peut-être le bore-out.
Fais le point sur ta situation matérielle :
Si la plupart de ces conditions favorables sont réunies, alors n’hésite pas, c’est le bon moment pour changer de métier. Plusieurs voies s’offrent à toi aujourd’hui pour quitter ton entreprise. Renseigne-toi avant de te lancer.
Se reconvertir après cinquante ans est sans doute la meilleure période pour créer son entreprise sereinement. Aie confiance en toi, tu as probablement accumulé tant d’expériences pour aborder cette phase intelligemment et tranquillement !
Laurence Kermorgant
Rédactrice Web
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